Amen, Mazel Tov et Inshallah
Dans une église au charme désuet,
Une femme avance, le cœur en secret.
Elle rêve de prêcher, de guider à son tour,
À la place d’un prêtre aux sombres détours.
Le Christ en croix prône l’amour bienveillant,
Mais l’église absout ses bourreaux en priant.
On chante l’égalité devant le divin,
Mais pouvoir, souillé, reste un domaine masculin.
Au fond d’une synagogue, un banquet s’apprête,
Sous les bénédictions, les alliances sont faites.
Et dans un coin sombre, un homme rabougri,
Fouille dans ses papiers, un carnet jauni.
Combien pour ces terres qu’on a récupérées ?
L’entre-soi et ces unions qu’on veut consacrer ?
Le vin coule à flot, « À la vie, à l’espoir ! »
Mais le toast sonne creux, quand l’éthique fait noir.
Sous le grand dôme où la mosquée s’élève,
On prêche l’unité, mais le pétrole achève.
Et quand un fidèle ose interroger,
Le doute dévoile un fardeau caché.
Les questions sur Dieu, les versets subtils,
Sont vite écartées comme des maux futiles.
Un trait d’esprit se change en feu mortel,
Quand l’amour interdit demeure criminel.
Sous les croix, les rouleaux et les minarets d’or,
Les amours s’étiolent dans un décor.
Cathos, juifs ou musulmans prêchent l’universel,
Mais l’amour, chez eux, est un jeu cruel.
Les scandales, les filouteries et les contradictions,
Se rassemblent dans le flou, bénies par les nations.
Et si l’on ose aimer hors de sa foi,
Le silence s’impose, la rupture fait loi.
Le goy, l’infidèle, l’âme qui dévie,
Deviennent des ombres bannies de la vie.
Le juif ne s’égare qu’avec ses élus,
Le catho veut sa foi dans les anneaux tenus,
Le musulman clame que l’amour est permis,
Mais seulement si Dieu l’a lui-même écrit.
Trois cultes divers, un même interdit :
L’amour succombe sous leurs lois de profit.
Ainsi, la France aux mille horizons,
Tisse ses tabous dans la religion.
Et sous ces silences aux allures modernes,
Des âmes cherchent des vérités moins ternes.