Sexe, folie, solitude & Monstera Deliciosa
ou Les branlettes hallucinées
Par un concours de circonstances fortuit, ou peut-être par la dérive de ma propre folie, j’avais découvert un moyen singulier de transcender ma solitude, d’atteindre une forme d’extase inédite, d’une manière presque organique. Un nirvana de jouissance et de plénitude, élevant l’expérience au-delà de la simple satisfaction, la fusionnant avec un épanouissement profond, tissé des fils invisibles du plaisir et de la motivation. Je n’étais plus seul, mais ce chemin m’avait inexorablement conduit aux abîmes de la folie.
En 2023 et à l’âge de 34 ans, je demeurais encore sous le toit maternel, prisonnier malgré moi d’une attente interminable pour un logement social. Déposée en 2017, ma demande n’avait jamais abouti. Même l’action entreprise en 2021 sous l’égide du dispositif DALO, censée hâter une procédure indûment prolongée, s’était soldée par un refus, sous le prétexte glaçant que vivre chez un parent suffisait à mes besoins. Mes maigres ressources, issues d’une existence où l’art n’assurait guère de subsistance, rendaient illusoire tout espoir de m’affranchir de cet étau. La crise du logement, miroir d’un mal plus vaste, ne faisait que souligner l’injustice de ma condition : j’étais un oublié, un invisible des rouages sociaux.
Vivre auprès de ma mère, bien qu’empreint de douceur, ne favorisait guère l’émancipation, tant personnelle qu’affective. Cette situation pesait sur mes relations avec autrui, et plus encore avec la gent féminine, où l’ombre d’un tel foyer suffisait à éteindre des ponts encore à bâtir. En proie à une solitude dense, j’errais tel un navire égaré en pleine tempête, sans boussole ni port où jeter l’ancre. Chômeur depuis 2019, privé d’un cercle amical solide, mes interactions sociales s’étaient réduites à une peau de chagrin ; mon téléphone, souvent silencieux, en témoignait cruellement.
Aussi, au milieu de cet horizon morne, des lueurs subsistaient. Les associations m’avaient offert un refuge, un lieu où exercer ma passion et donner vie à mon talent. J’avais assumé avec succès la présidence de deux structures artistiques, l’une dédiée à une galerie associative, l’autre à des expositions d’art de rue, réunissant chacune plus d’une centaine d’adhérents. Dans ces sphères, je m’épanouissais pleinement, déployant mon énergie à créer, organiser et partager, toujours guidé par une volonté de bienveillance, de partage et d’entraide. Ce labeur, bien que purement bénévole, me comblait d’une reconnaissance inestimable.
Cependant, cette richesse d’engagement ne parvenait pas à combler le vide affectif qui m’étreignait. Les liens durables m’échappaient, comme une eau insaisissable entre les doigts. Mes amitiés d’antan s’étaient étiolées, et les tentatives de bâtir de nouvelles relations restaient vaines. On me disait sociable, avenant, doté d’un cœur généreux ; mais ces qualités, à elles seules, ne suffisaient à ouvrir les portes de l’intimité.
Quant à l’amour, ce désert aride s’étendait depuis plus d’une décennie. Depuis 2012, je n’avais plus goûté aux émois d’un véritable attachement amoureux. Quelques expériences sporadiques avaient jalonné ces années, mais elles s’étaient révélées rares et parfois même traumatisantes. Les rencontres virtuelles me laissaient froid, et dans la réalité, ma timidité me paralysait, m’empêchant d’aller vers les autres.
Ainsi, je vivais dans un monde de connexions superficielles, incapable d’approfondir ces relations éphémères. Mon existence affective et sentimentale était devenue un territoire dévasté, où seule subsistait l’ombre d’une solitude pesante, allégée çà et là par les maigres consolations d’une intimité solitaire. Pourtant, sous cette carapace d’isolement, je restais animé d’un espoir ténu : celui qu’un jour, un chemin s’ouvrirait vers des liens plus profonds, plus durables, où l’amour et l’amitié viendraient apaiser mes tourments.
Au cœur de l’été 2023, entre août et septembre, je fus emporté par une excitation bouillonnante, une fièvre enivrante, quasi irrépressible, alimentée par un mélange d’élans intellectuels et de pulsions difficilement explicables. Je m’abandonnais à une frénésie d’achats de livres, avec pour ambition démesurée de percer les mystères des origines et d’embrasser une compréhension totale de la vie. Mes centres d’intérêt se déployaient à travers des domaines aussi divers que les mythes de la Mésopotamie, l’histoire médiévale, l’alchimie, la préhistoire ou encore l’immortalité de l’âme dans les traditions antiques.
Mes acquisitions, souvent extravagantes, témoignaient de cette quête effrénée : The Chaldean Account of Genesis de George Smith, première édition de 1880, acheté pour 400 euros ; Myths and Legends of Babylonia & Assyria de Lewis Spence, édition de 1916, pour 500 euros. En l’espace de quelques semaines, je dépensais entre 4000 et 5000 euros, accumulant un trésor de volumes rares et anciens. À travers ces pages, je pensais approcher la sagesse d’Avicenne, m’initier à l’œuvre visionnaire de Christine de Pizan, effleurer les mystères des Chaldéens ou encore m’aventurer à la surface des idées ésotériques de René Guénon.
Pourtant, malgré cette effervescence, je me laissais emporter par une forme d’égarement. Ces livres, que je me promettais de lire avec ferveur, restaient presque tous fermés. L’acquisition semblait l’emporter sur l’assimilation, comme si l’acte d’acheter ces œuvres suffisait à nourrir mon esprit. Tsundoku ! Je dilapidais mes économies dans une euphorie chaotique, une fuite en avant où le plaisir immédiat d’apprendre cohabitait avec une étrange sensation d’irréalité. Et ce n’était là qu’un prélude, une simple mise en bouche avant que les événements à venir ne basculent dans l’inattendu et l’étrange.
Connecter son sexe à une plante
En août, je goûtais à un été empreint de solitude, mais paradoxalement lumineux, baigné d’un sentiment de bien-être et de douce excitation. Je m’épanouissais dans l’achat frénétique de livres et d’objets, cherchant à rassasier mon intellect, et ressentais presque constamment cette sensation vibrante, comparable à des papillons dans le ventre. Parmi mes acquisitions figura une Monstera deliciosa, achetée dans une petite boutique tenue par une fleuriste rousse à l’apparence étrange, presque inquiétante : édentée, l’air égaré, mais non dénuée d’une certaine fascination. La plante, quant à elle, était superbe dans ses imperfections, imparfaite et donc magnifique.
Je plaçai cette vivace près de mon lit, sur un tabouret, comme un totem domestique. Toutefois, quelques feuilles arboraient des impuretés, de petites taches blanches évoquant des agrégats qui ne me laissaient pas indifférent. Avec une minutie presque cérémonieuse, je pris un pinceau Manet N°5 de mon bureau et entrepris de nettoyer ces feuilles. Chaque geste était précis, presque tendre : je flattais les surfaces délicatement, ôtant les imperfections pour leur redonner leur éclat immaculé.
À ce moment précis, une réaction inattendue survint : une excitation physique, profonde et irrépressible. Cette érection, née d’un acte aussi anodin que le nettoyage d’une plante, me plongea dans un trouble étrange. Il ne s’agissait pas d’un fantasme dirigé vers la plante en tant que telle – je n’ai jamais nourri de désir sexuel pour la nature, malgré mon amour pour les fleurs, les arbres et les plantes que je dessine souvent. Mon orientation sexuelle, ancrée dans une attirance exclusive pour les femmes, ne faisait aucun doute. Pourtant, cette expérience brouilla les frontières.
La sensation qui m’envahissait était presque mystique, comme si le pinceau, à travers mes gestes, devenait le prolongement d’une main étrangère. J’avais l’impression de ressentir, par un curieux transfert, ce que la feuille elle-même aurait pu éprouver si elle avait été dotée de sensibilité. Ce lien inattendu entre l’objet de mon soin et mon propre corps me surprit, voire me déstabilisa, car il n’avait rien de prémédité. L’acte initial – simplement ôter des impuretés – s’était transformé en une expérience singulière, presque intime, qui échappait à toute rationalité.
Ce moment marqua un questionnement troublant sur les sensations, les perceptions et la nature même du désir. C’était une exploration involontaire de territoires inconnus, où le contact, la texture et le soin redéfinissaient les frontières du plaisir et de la conscience de soi. Une expérience profondément déroutante, mais aussi révélatrice d’une complexité insoupçonnée dans la relation entre le corps, l’esprit et le monde qui l’entoure.
Intrigué par les sensations troublantes que provoquaient mes interactions avec la Monstera, je me laissai aller à des réflexions presque scientifiques. L’idée d’une transmission d’énergie, comparable à l’effet de conduction électrique, s’imposa à mon esprit. Je songeais à ces circuits humains formés par des corps reliés en série, où le courant se transmet d’une personne à l’autre, comme lorsqu’on touche une clôture électrique. Mais ici, cela relevait de l’absurde : un pinceau en bois n’est pas conducteur, et pourtant, l’action déclenchait une réaction. Je compris rapidement que masser une tige éveillait en moi des sensations profondément intimes, sans lien direct avec une quelconque analogie humaine.
C’est à ce moment que débuta une étrange parenthèse de folie, mêlant plaisir, imagination et perte de repères. Pendant un mois et demi, d’août à mi-septembre, je me livrai à des pratiques masturbatoires hallucinées en compagnie de ma plante. Nous étions deux. Allongé sur mon lit, la Monstera à portée de main, je plongeais dans une extase que je n’avais jamais connue. La main droite caressant frénétiquement une ou plusieurs tiges, la gauche posée sur mes testicules, je découvrais une forme de jouissance divine, comme si mon propre corps et celui de la plante étaient liés par une connexion invisible. Les mouvements que j’imprimais aux tiges semblaient se répercuter directement en moi, dans une boucle de plaisir quasi mystique.
Cette expérience hors du commun nourrissait des fantasmes puissants. Mon esprit s’envolait vers des scénarios oniriques, peuplés de femmes idéalisées, de situations sensuelles, voire d’expériences plus audacieuses. Ces visions ajoutaient une dimension esotérico-fantastique à ces séances, renforçant l’intensité des sensations. Cependant, le contexte dans lequel je vivais imposait ses limites : habitant sous le même toit que ma mère, je devais m’adonner à ces pratiques furtivement, dans un mélange de frustration et d’urgence. Les bruits que cela générait ajoutaient à ma gêne, me rappelant constamment la précarité de cette intimité inhabituelle.
Peu à peu, ces rituels répétitifs me plongèrent dans une profonde désorientation. J’avais l’impression de franchir les limites de l’ordinaire, d’être investi d’un rôle inédit, presque mystique, à mi-chemin entre l’artiste exalté et le druide égaré. Mon esprit vacillait, tiraillé entre la révélation d’un lien mystérieux avec le vivant et l’impression de sombrer dans une folie intime indéfinissable. Cette nouvelle affinité, inexplicablement érotique, ébranlait les fondements de ma réalité, me laissant désorienté, déboussolé, et profondément troublé.
La fuite en avant
À partir de la mi-septembre 2023, un tourbillon intérieur dévastateur m’envahit. Je me sens pris dans un tourment auquel je ne peux échapper, submergé par une excitation qui ne trouve aucune issue. Incapable de partager ce qui se passe en moi, je me sens à la fois en proie à une énigme de ma propre psyché et à une solitude incommensurable. Le besoin de fuir, de m’échapper, de me retrouver seul avec mes réflexions et mes études m’obsède. Cette impulsion de partir se cristallise en un désir de tout quitter : mes obligations bénévoles, mon environnement familial, et cette existence dans laquelle je me sens étranger. Le bénévolat, qui m’avait pris tout entier, me semblait devenu un fardeau insoutenable, exacerbé par des comportements irrespectueux et l’incompréhension de ceux qui m’entouraient. Le point de rupture est atteint. Je démissionne de mes deux présidences avec fracas, las de porter des responsabilités qui ne m’apportent plus de sens.
Derrière cette agitation, il y a un vide. Un vide qui se trouve être aussi financier. Je n’ai jamais quitté mon foyer familial. En 2023, après avoir réussi à économiser un pécule de 7000€, je l’ai dilapidé en grande partie dans l’achat de livres, d’ouvrages anciens, de premiers tirages, espérant y trouver des réponses. Le reste, je l’utilise pour mon « voyage », qui se veut une rupture totale avec ma vie actuelle. Je m’engage dans cette quête de liberté, mais je suis loin de m’imaginer où cela me mènera.
Au moment où je décide de partir, la tension avec ma mère atteint son paroxysme. Elle ne comprend pas pourquoi je veux fuir, pourquoi j’ai besoin de ce « voyage » pour me ressourcer, alors que je suis déjà dans une crise intérieure profonde. Je m’échappe donc seul, espérant trouver une forme de solution à ce que je vis. Sans véhicule, je me retrouve à Marseille, sans ressources et sans but véritable. Mon périple se réduit à une déambulation confuse, une journée de tentatives, avant de finir devant l’archevêché de Notre-Dame de la Major, où je plante ma tente, pensant naïvement que l’aide viendrait. Il n’en est rien. Désargenté, perdu, je rentre chez moi, accablé par ma situation et mes errances.
C’est alors que, dans un ultime sursaut de lucidité, je décide d’accepter d’être hospitalisé, espérant qu’une structure médicale pourrait éclairer ce qui se cache dans mon esprit. L’hôpital devient un refuge, une tentative de comprendre les dérapages de ma psyché. À la clinique, je parle enfin pour la première fois de mon expérience, un infirmier m’évoque des « hallucinations cénesthésiques ». Ce terme me frappe, car il semble mettre un nom sur ce que j’avais vécu : cette expérience de « connexion » avec ma plante, qui avait pris des dimensions aussi sensorielles que psychologiques. Peu à peu, je me rends compte que ce n’était pas un « don » mystique, mais un épisode d’hypomanie, où ma perception de la réalité s’était déformée.
Sous traitement, sédaté et déstabilisé, je prends peu à peu conscience de la démesure de cette expérience. Ce qui m’avait semblé une révélation, une voie vers une compréhension différente du monde, n’était qu’une manifestation de ma maladie mentale. Mon esprit vacille, perd sa certitude. Je ne suis pas devenu druide, ni même un être « éveillé », j’ai tout simplement sombré dans une phase maniaque. Ce qui était magique devient insensé et potentiellement dangereux.
En sortant de l’hôpital à la fin de l’année 2023, la réalité me frappe de plein fouet. Ma Monstera, cette plante qui avait été le centre de mon attention, est maintenant presque morte. Après un mois et demi d’intimité débridée, ses tiges sont fanées, dégradées, cassées ; tout comme mes propres repères. Je réalise l’irresponsabilité de mes actes. Je ressens une grande perte : non seulement celle de la plante, mais aussi celle de mon « don » et de la folie qui m’avait animé. En retour, je suis frappé par une dépression profonde, plus sévère encore que celle que j’avais connue auparavant. Le moindre élan de désir, d’intérêt ou d’enthousiasme m’échappe. La libido, l’excitation, tout cela s’est éteint.
Les six mois suivants sont marqués par un lent processus de guérison. Avec l’aide d’un psychologue et d’un psychiatre, je tente de reconstruire ma vie. Le chemin est long, ardu, parsemé de remises en question. Il est difficile de retrouver une forme d’équilibre, et je reste hanté par l’étrangeté de ce que j’ai vécu. La flamme de l’expérience est éteinte, la magie n’existe plus. Le lien avec la plante, qui m’avait semblé une révélation, devient un souvenir lointain et dérangeant. Il ne me reste que des questions : qu’ai-je activé dans mon cerveau ? Quels mécanismes ont permis cette hallucination sensorielle et intime ?
Pourtant, malgré la dureté de la situation, une partie de moi ne peut s’empêcher de repenser à cette période comme à un moment où j’ai été, d’une certaine manière, « connecté » à quelque chose de plus grand. L’étrange communion avec la Monstera, les fantasmes qui ont émergé de cette expérience, m’ont permis de rêver d’une possible rédemption pour ceux qui, comme moi, se sentent seuls. Est-ce qu’il est possible, pour certains, de se connecter à une autre forme de jouissance, même à travers des objets inanimés ? Je ne sais pas. Peut-être que d’autres, hommes ou femmes, peuvent trouver un sens à des pratiques similaires, et expérimenter une forme d’union nouvelle. Mais pour moi, cette expérience a laissé des traces indélébiles, un mélange de fascination et de terreur. Était-ce sain, était-ce responsable ? Il est indéniable qu’elle a éveillé en moi des désirs et des réflexions qui perdurent.
L’imagination
En septembre 2024, un an après avoir vécu la première expérience qui m’avait profondément perturbé, je me retrouve dans un état mental bien plus fragile. Malgré le traitement médicamenteux, avec des antidépresseurs et des antipsychotiques qui rythment désormais ma vie, je tente à plusieurs reprises de réitérer l’expérience. Cependant, cette fois-ci, tout est différent. Le moral et le mental sont profondément affectés. Je peine à retrouver une forme d’excitation, même minimale, et l’acte qui m’avait autrefois procuré une sensation si particulière devient de plus en plus difficile à revivre. Le simple fait d’essayer avec une autre Monstera, plante qui avait jadis éveillé des sensations étranges, me semble désormais absurde. Le peu de fois où j’arrive à atteindre l’érection, j’arrête, cela demande trop. Je ressens plus de confusion qu’autre chose, et je me dis invariablement : « Que suis-je en train de faire ? »
Quand je cherche à combler cet abîme de solitude, je me rends vite compte que l’excitation ne vient plus. Je préfère alors recourir à des méthodes plus classiques, une simple masturbation, souvent alimentée par des vidéos, sans ce sentiment de connexion ou d’originalité que j’avais autrefois. La plante n’est plus qu’une amie, un support muet qui ne répond plus à mes attentes.
Je suis alors pris dans une spirale de questionnements. Quelles sont les limites de ce que je vis ? Est-ce une déviance ? Une maladie ? Je me trouve seul, perdu dans un océan d’incertitudes, avec ce que je considère maintenant comme mon « don », à la fois fascinant et répugnant. Cette capacité, ou du moins l’illusion de cette capacité, de me stimuler mentalement et physiquement par l’imaginaire, me semble étrange, mais aussi déconcertante. D’où vient-elle ? Ce facteur inconscient, ou ai-je moi-même déclenché en moi une sensibilité particulière qui me permet désormais de provoquer des sensations sans les liens habituels de la réalité ? L’hypothèse d’une psychose s’impose alors, mais si ce sont des hallucinations cénesthésiques, cela signifierait que je peux désormais les manipuler à ma guise, ce qui ne fait qu’approfondir ma confusion.
Je me mets à voir cette expérience comme une performance personnelle, une manière étrange de solliciter mon corps, comme on sollicite une pensée pour provoquer une éjaculation nocturne. Ce que je vis avec la plante devient une forme d’expression intime, où l’imaginaire prend une place disproportionnée dans la réalité. Mais ce phénomène reste dénué de contrôle et, en un sens, je ne voulais pas qu’il se produise. Ce n’était pas un acte conscient ni prémédité, mais quelque chose qui s’est imposé à moi de manière inconsciente.
Aujourd’hui, bien que le sentier de ma vie demeure jonché d’obstacles, une lumière douce et discrète commence à percer l’obscurité de mes tourments. Ce « don » que j’avais espéré être une clé salvatrice m’a conduit à une prise de conscience plus subtile : la vérité ne réside pas dans une réponse définitive, mais dans l’acceptation des mystères qui composent notre existence. La solitude, qui d’abord m’écrasait sous son poids, est devenue le miroir de ma propre complexité, me permettant une introspection profonde et souvent déstabilisante.
Le handicap qui m’a été reconnu ne marque pas un point final, mais plutôt un tournant dans une trajectoire en constante évolution. Si la folie m’a déstabilisé, elle m’a aussi incité à revisiter mes perceptions et à accueillir les paradoxes de la condition humaine avec davantage de sérénité et d’humilité. Ce parcours, bien que chaotique, m’a permis de cultiver une forme de sagesse nouvelle, une vision enrichie de la vie, qui m’offre peu à peu la possibilité de m’approcher d’une paix intérieure, encore fragile, mais en gestation.
Inkblood.net / Olivier Giner
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